Pour une paix durable dans les communautés
L’ŒIL D’AFRIQUE, Kpalimé, le 29 mars 2018
Dans les dialogues, pour le règlement des différends qui peuvent naitre entre des acteurs d’une même communauté, il arrive que par faute d’une bonne appréciation ou d’une analyse adéquate de la situation, de ne parvenir efficacement à résorber définitivement les origines des conflits. Cette situation crée des antécédents cumulatifs qui progressivement cristallisent les divergences au point de fissurer les ententes sociaux mettant en péril toute ingénierie sociale qui peut exister ou avoir existé, et successible d’être mise en place pour améliorer le vivre ensemble. Les victimes d’injustice deviennent parfois très vulnérables et sont contraints à une paix de résignation.
Ces frustrations engendrent des replis sur soi, l’harmonie communautaire étant brisée, et les contributions individuelles qui peuvent venir de la part des uns et des autres en faveur de la collectivité se voit émietter ou disparaitre, alors que généralement, les communautés ont besoin d’être ensemble pour faire face aux problèmes communautaires. D’où le besoin de renforcer la compétence des autorités traditionnelles dans le règlement des conflits pour atteindre une duplication des forces créatives des membres de la communauté, qui se sentent aimés et impliqués dans la gestion des affaires communautaires.
Afin de s’assurer qu’à la longue, ces conflits n’engendrent des disparités sociales, créant des camps adverses du fait de l’impact et de la mauvaise gestion des différents, 20 chefs traditionnels des régions des plateaux, maritime et Lomé commune, ont suivi du 29 au 30 mars 2018 à Kpalimé, une séance de renforcement de capacité sur le thème « cohésion sociale et paix durable dans les communautés ». L’objectif de cette activité est de contribuer à la préservation de la paix pour un meilleur vivre ensemble, et une participation citoyenne responsable au processus du développement socio-économique et politique du Togo.
En effet, la Concertation Nationale de la Société Civile au Togo (CNSC) a entamé depuis l’année dernière, ce, pour 3 ans, dans son programme de formation politique et citoyenne continue, avec le soutien technique et financier de la Fondation Hanns Seidel, une série de formation sur l’analyse des conflits, l’élaboration d’un contrat social et la transformation de conflits.
Notons que le présent atelier qui s’est déroulé à l’Hôtel Caraïbe de Kpalimé a été ouvert par le Préfet de Kloto, Mr Assan Kokou Bertin, qui a exprimé son souhait de voir la paix et la cohésion sociale devenir une réalité dans les communautés, à travers la pratique et le transfert des connaissances acquises.
Pour le représentant de la CNSC, Edem SOWOU, le contenu du contrat émanera du peuple dont les représentants participent à un dialogue communautaire. Depuis l’année dernière il ya un processus de mise en place des comités locaux de paix, par le programme des nations unies qui appuie l’Etat togolais. Les comités ont été installés et formés à l’analyse des conflits, il faut que les chefs soient informés de la mission dévolue à ces comités locaux qui agissent sur le territoire.
Cette activité sera suivie d’une autre pour le compte des régions septentrionales dont les savanes, la Kara et centrale dans les semaines à venir.
Commentaire
La vertu et l’appréhension des us et coutumes ne peuvent faire valoir des valeurs que si les personnes sur qui ces règles coutumières sont appliquées n’aient pas le sentiment d’en être victimes. Et mieux, la chefferie traditionnelle se portera lorsqu’elle ne viendrait pas à se compromettre ou à être remise en cause du fait de sa partialité. Aussi, les forces et influences extérieures sous l’effet des intérêts inavoués, font constater malheureusement qu’une sorte de travestie des pratiques traditionnelles qui dans des conditions normales sont dignes et peuvent contribuer à la renaissance des cités. Il faut parfois craindre dans nos sociétés que certaines attitudes de ceux qui sont chargés de prôner la paix contredisent la paix.
Loin de résorber durablement les conflits, la tendance à laisser durer les conflits et d’en fatiguer les parties par moment, est une tendance qui débouche sur des situations très dangereuses. L’illusion de croire à une paix de cimetière n’est pas synonyme d’une paix véritable. Car la rédemption véritable de la paix doit être inscrite dans les cœurs et dans les esprits. Les chefs traditionnels et religieux ont un rôle profond à jouer. Ne dit-on pas que la crainte de Dieu est le début de la sagesse ?
A. Rachel
97079644