Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
L'OEIL D'AFRIQUE

De la tradition secrète à la matérialisation de la modernité Dagbati boucle la tournée de sensibilisation sur les droits de la femme à la terre dans la région maritime Est

5 Mars 2019, 08:28am

Publié par LOEILDAFRIQUE

De la tradition secrète à la matérialisation de la modernité
Dagbati boucle la tournée de sensibilisation sur les droits de la femme à la terre dans la région maritime Est

 

L'Oeil d'Afrique, le 05 mars 2019 

+22892178279

La tournée de sensibilisation sur les droits d’accès de la femme à la terre, dans la région Maritime Est a été bouclée ce 04 mars 2019 par l’étape de Dagbati, dans la Préfecture de Vo.

Après Davié, le 02 mars, Attitogon le 03 mars, la troupe théâtrale conduite par son Directeur Artistique Adonsou Fridolin, a été accueillie par une foule ambiante estimée à plus de 500 personnes hier lundi 04 mars dans le marché de Dagbati.

Cette croisière s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet EWoH2 « Un seul monde sans faim, droits de la femme à la terre » un projet régional initié par la Konrad Adenauer Stiftung, en réponse à la problématique sans cesse récurrente des conflits liés à l’accès de la femme à son héritage foncier. Dans sa troisième année d’opérationnalisation, cette activité dont l’étape de la zone maritime vient de s’achever vise essentiellement à intégrer dans les mentalités des populations de cette contrée, l’évolution de la loi en matière foncière et domaniale, loi qui concède à rétrocéder à la femme la part de l’héritage qui lui est dû.

Cependant, sur le terrain, les pesanteurs ancestrales qui relèguent la femme au rang inférieur persistent, quoique la femme acclame et accueille ouvertement et positivement la décision du législateur, allant à qualifier cette loi de « avis favorable à leurs cris de cœur ».

Selon Fridolin Adonsou, Spécialiste en communication artistique de masse, reconnue par l’UNESCO-BREDA, l’objectif poursuivi en organisant ce spectacle de rue est d’user du théâtre comme outils pertinent de sensibilisation et de communication. « Cette approche nous a permis de voir les difficultés de chaque milieu et d’autres cotés du sujet qu’un togolais lambda ne peut imaginer. De Davié à Dagbati, passant par Attitogon, les réactions diffèrent d’une communauté à une autre. Mais nous avons constaté une évolution des mentalités surtout venant de la nouvelle génération » a-t-il souligné.

Notons que les acteurs de la Compagnie Théâtrale et Artistique (COTHA) : Joseph Koffi Bessan, Pierrette Takara, Aïcha Gnongbo, Amégnona Dodji Amouzou… de part leurs rôles sur scène, trouvent que le choix de la rue, du marché, bref d’un lieu public pour faire passer le message est très judicieux, permet de donner la parole à chaque partie prenante, d’atteindre sa cible et d’avoir un retour.  

Commentaire 

Au vu des différentes localités parcourues, il nous a donné de constater que le conservatisme des traditions continuent de défier les légalités et pose le souci de chercher à régler les problèmes successoraux en prenant compte de multiple facettes dans la mesure où, le bien foncier au-delà du matériel s’apparente à une identification des liens de lignée qui n’admet que peu une affectation de ce pouvoir à un tiers n’appartenant pas à la même lignée.

C’est un constat amer pour ceux qui sont d’une école progressiste, mais que l’école ancienne continue de conserver au détriment des évolutions positives. Que peut apporter la jurisprudence tel que le propose le Législateur en associant la femme en temps que être humain à part entière à la gestion du patrimoine terrien, du moment où, lorsqu’on considère la femme comme agent économique, l’en priver peut paralyser son rendement et ce, au détriment de la contribution qu’elle peut apporter à sa communauté, surtout que cette communauté a un fort besoin de bien-être ?

Une réalité que certains peuvent accepter au cas où le défunt légataire est le propriétaire unique du titre foncier qu’il aurait acquis par ses propres deniers. Dans ce contexte, il revient à dire que la terre, le bien foncier, dans ces contrées, est magnifiée, adorée et comme telle, dispose de régents à titre parfois spirituel voire une dimension exotérique, pour qui, attention ! tenter d’octroyer un droit à une femme peut paraitre une défiance de la plénitude de l’esprit qu’incarne ce Dieu terre.  

On comprend donc le pourquoi, dans certaines traditions, la terre n’a jamais été vendue mais offerte, puisqu’elle incarne des divinités.

En pays Watsi, une ethnie du Togo, il n’est pas interdit aux femmes d’exploiter à des fins de travaux champêtres des terres appartenant à leur communauté. Toutefois, la succession ad vitam aeternam ne lui est pas admise.

Dans ce contexte précis, le débat est loin d’être lié à des questions d’estimation matérielle, marchande ou vénale de la terre… La problématique reste donc posée…

Yerima Amidatou

Commenter cet article