Accès de la femme à la terre: Canton de Davié, un début d'éveil de conscience chez les femmes de la localité sur leurs droits à la terre

Accès de la femme à la terre:

Canton de Davié, un début

d'éveil de conscience chez les femmes de la

localité sur leurs droits à la terre

L'OEIL D'AFRIQUE, le 02 mars 2019 

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Une campagne de sensibilisation sur les droits de la femme à l’héritage foncier a été ouverte ce samedi 2 mars à Davié, localité située à quelques 29 km au nord de la ville de Lomé, animée par une troupe théâtrale, en langue usuelle de la localité, à travers un sketch. L'initiative est à l'honneur de la Konrad Adenauer Stiftung (KAS).

Partant du constat que le plus souvent, dans les traditions africaines, les femmes ne disposent pas d’accès au foncier, alors que dans nos sociétés, l’implication de la femme dans l’entrepreneuriat rural est plus élevée, il a été éprouvé le besoin de mettre en place un encadrement stratégique afin que la femme puisse, de part sa position, contribuer à l’économie à travers la valorisation des biens fonciers.

Dans cette logique, la Konrad Adenauer Stiftung (KAS), après une étude sur la question dans deux zones cibles (Région de la Kara et Maritime Est), la mise en place d’un cadre réglementaire sur les droits de la femme rurale à la terre, et l'implication de la chefferie traditionnelle à défendre cette cause, en bon pèlerin initie une représentation des réalités en les alimentant de scènes comiques dans le but de vulgariser les dispositions de la loi en matière d’accès de la femme à la terre.

Une scène descriptive des prérogatives afin de sensibiliser les habitants du canton de Davié et ses environs pour une meilleure compréhension des droits de la femme au foncier et une prise en compte responsable de ses droits lors du partage de l’héritage foncier.

Pour la Konrad Adenauer Stiftung (KAS), il s’agit de traduire les objectifs spécifiques contenus dans le nouveau code foncier et domanial en forme de sketch pour permettre une meilleure accessibilité de l’information par tous les acteurs impliqués dans la résolution de cette problématique afin de réduire les inégalités entre hommes et femmes.

Cette communication dont ont bénéficié les populations de Davié ce 02 mars 2019 au vu des uns et des autres, est une meilleure pratique en la matière, qui leur permet de mieux appréhender de façon imagée, les problèmes et d’en mesurer les attitudes à adopter.

Questionnée sur le sujet, Dame Ahoéfa estime que les dispositions de la loi permettent effectivement à la femme d'avoir les mêmes droits et devoirs que l'homme, Dame Akossiwa renchérit en donnant l'exemple d'un jugement rendu par le tribunal sur un litige foncier après le décès de leur père, jugement qui leur a donné satisfaction. Et pour Dame Abidé, le partage des biens ne prend pas en compte le sexe, mais la nature humaine. Elle poursuit en le comparant à des morceaux d'igname cuits qu'on se sert à tour de rôle. 

Et pour toutes ces femmes du marché du canton de Davié, l'initiative de la Konrad Adénauer est à louer, car cette pièce théâtrale à elles jouée a renforcé leur conviction et ouvert les yeux sur la manière de régler les conflits fonciers et les voies de recours offertes par les autorités.

Toutefois, il existe encore des résistances. Daouda, revendeur de tissu estime pour sa part: "Oui, la femme peut avoir quelque chose dans l’héritage que nous laisse notre père, mais jamais une part égale à celle de l’homme". Plus loin, Kovi un jeune revendeur de friperie ajoute que "Le nom de famille est préservé de génération en génération grâce à l’homme, la femme, elle est seulement de passage…"

Rappelons que les textes internationaux auxquels le Togo a ratifié tels que la déclaration universelle des droits de l’homme met l’homme et la femme sur un même pied d’égalité.

Avec cette séance de sensibilisation, débute un autre volet du projet EWoH2, « Un seul monde sans faim, droits de la femme à l’héritage foncier ». L'objectif poursuivi est d'inscrire dans le quotidien, et de faire admettre à l'opinion que la femme a droit à son héritage foncier. Et le lui concéder contribuera à coups sûrs à réduire les vulnérabilités, équilibrer le budget de la famille...des acquis en matière de lutte contre la faim et la pauvreté dans le monde.

Précisons que l’étape de Davié sera suivie par Attitognon puis Dagbati… dans la région Maritime Est; avant de continuer les mêmes activités dans d'autres localités de la région de la Kara, zones ciblées par le projet EWoH2 « Un seul monde sans faim, droits de la femme à l’héritage foncier ».

Yerima Amidatou