Assurer la transparence et la redevabilité dans le secteur minier

Assurer la transparence et la redevabilité dans le secteur minier

Un dispositif d’accès à l’information minière en étude

L'OEIL D'AFRIQUE, LE 13 MARS 2018

BLAISE AYEGNON, +228 90214293

Promouvoir la gouvernance minière par la diffusion d’informations fiables successibles de construire une nouvelle attitude dans la rationalisation des structures-clés impliquées dans le secteur minier pour en faire un secteur de pleine croissance, une réponse à un besoin véritable.

Le Togo avec l’aide de la Banque Mondiale met en œuvre une nouvelle dynamique conforme aux normes internationales dans le secteur minier. Il s’agit de partir d’un état des lieux des parties prenantes des industries extractives basé sur les lacunes ou un ensemble d’obstacles observés dans le secteur minier, relativement aux nécessités et méthodes pratiques d’accès à l’information minière, afin de concevoir la démarche suivante : récolter, rédiger et diffuser des renseignements propres au secteur, dépourvus de toute influence, loin d’être un dédoublement d’institutions ou faisant obstacle aux prérogatives d’acteurs préexistants.

En effet, dans le cadre d’un projet dénommé : Projet de Développement et de Gouvernance Minière (PDGM), les formulations issues des recommandations des rapports successifs de l’ITIE (Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives) ont été prises en compte, ce qui motive l’étude en cours.

A part la contribution des parties prenantes des structures que sont les Industries Extractives, les OSC (Organisations de la Société Civile), la presse, les institutions de l’Etat, il revient, à travers une approche plus appropriée, de disposer d’un centre de divulgation d’informations, autonome et qui participe à jouer un rôle complémentaire dans la promotion de la transparence et de la redevabilité.

Dans cette perspective, l'Expert en Gouvernance Extractive CHEIKH TIDIANE TOURE, Consultant sur le projet, a animé une séance de travail dans l’après midi de ce 13 Mars 2018, dans les locaux de la Direction Générale des Mines et de la Géologie (DGMG), avec des hommes et femmes impliqués dans le secteur.

À cette occasion, la société civile et la presse privée activement représentées, ont fourni leur appréciation sur les différents aspects tels que les partenariats, les renforcements de capacité en terme de contribution à la mise en place de ce cadre en élaboration.

L’adhésion du Togo à l’ITIE en 2010 a fondamentalement contribué à une nouvelle vision sur le secteur, une innovation qui nécessite de nouvelles attitudes. Cependant, il est à constater que la capacité d’assimilation et d’interprétation d’information minière conformément aux normes ITIE révèle d’une approche pédagogique compréhensive pour tous les acteurs et les parties prenantes, en premier lieu, les industries extractives qui jadis, sans contrainte de responsabilité sociétale vis-à-vis des lieux d’implantation, doivent désormais au vu de la norme ITIE l’assumer. Comment le font-elles ? Sont-elles à même d’en parler aisément ?

Egalement, l’Etat à travers le Ministère des Mines et de l’Energie, la Direction Générale des Mines et de la Géologie, … devrait pouvoir être à l’écoute et rendre compte à la population. Se conforment-ils vraiment à ce cahier de charge ? Quelle est l’appréhension de la population à l’égard de ces institutions ? Y’a-t-il la permanence d’une plateforme de communication pouvant répondre, dans un pays où l'internet est capricieux...

Quant aux OSC et la presse, elles sont prises en quelque sorte dans un double rôle de chien de garde, dans la mesure où elles procèdent par veille informationnelle et établissent une sorte de dialogue entre les acteurs en s’appuyant sur le cadre juridique qui favorise la mise à disposition de l’information, bien attendue avec des limites.

Encore faut-il que les acteurs des OSC puissent disposer de capacité au traitement de l’information et l’interprétation nécessaire, en relation avec les faits et observations. Des difficultés de tout ordre rendent les processus pénibles.

Sans langue de bois, la société civile et la presse souffrent d’une insuffisance de capacité et d'adaptation, d’un besoin de résilience institutionnelle plus accrue d’une part et des défis de communication, à travers le renforcement de connaissance dans la mesure où, 25 ans de suspension de la coopération du Togo avec les institutions internationales, ont fortement fragilisé l’ensemble du tissu social.

A ce jour, l’initiative qui vise à mettre en place un système d’information minière est la bienvenue, et comblera probablement les attentes que suscite auprès des acteurs de diverses horizons l'accessibilité de l'information minière qui, est semble-t-il faute d'un dispositif concret, pire en l'absence de spécialiste, souffre de déficit d'implantation, une première carence pour sa disponibilité.

Commentaire

Dès lors, la société civile cherche ses repères, et la presse également, qui doit se bâtir une certaine notoriété, manque cruellement de moyens pour rattraper le retard et être à la hauteur des nouvelles exigences liées au secteur. En face des institutions qui n’ont pas intérêt à la voir s’épanouir, surtout dans des Etats fragiles post-traumatiques, bien que la contribution de cette presse à la gouvernance renforce les institutions dans leur rôle régalien, les poches de résistances et les intérêts de groupes d’influence étant permanents.

Toutefois, la rencontre de ce jour témoigne d’une bonne volonté des parties prenantes à faire de l’industrie extractive un moteur de croissance conformément à la norme ITIE.